Histoire

Tiré de « Le Patrimoine des Communes de France », Editions Flohic.

Situé à l’extrémité d’un plateau calcaire dominant un méandre de la Dordogne, le territoire de la commune est habité dès le Néolithique, comme l’atteste la découverte d’une hache polie.

Du XIIe au XVIIIe siècle, le bourg d’Asques dépend le la paroisse de Saint-Romain-de-Boursas (actuelle Saint-Romain-la-Virvée) elle est en partie la propriété des hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem qui forment par la suite l’Ordre de Malte. La commanderie d’Asques et sa chapelle dépendent du grand prieuré de Toulouse. Une autre partie du territoire appartient aux seigneurs de Barès, puissante famille favorable au roi d’Angleterre jusqu’au milieu du XVe siècle. Des litiges opposent régulièrement les seigneurs de Barès et ceux de Fronsac, qui exercent le droit de justice sur la paroisse de Saint-Romain-de-Boursas.

A partir du XVIIe, bénéficiant de l’assèchement des marais  et du développement de la navigation fluviale, la rivière devient une source de richesses et un lieu d’échanges pour les produits venus de l’arrière-pays. Le port d’Asques s’enrichit et fait vivre de nombreux artisans et commerçants. Des litiges successifs entre l’archidiacre de Fronsac et les habitants de la commanderie, au sujet du service religieux et de la perception de la dîme, font naître l’idée de la séparation de Saint-Romain–de-Boursas et Asques, jusqu’alors réunis : l’archevêque de Bordeaux répond favorablement à la requête des Asquais et la révolution légalise cette séparation.

Après une période florissante entre le milieu du XVIIIe et le milieu du XIXe, le trafic fluvial est concurrencé par le développement du chemin de fer et de la route. La crise phylloxérique des années 1870 et la mévente des vins, puis la Première Guerre mondiale entraînent le déclin du port d’Asques et du village, qui ne compte plus que 336 habitants en 1952.

Depuis la construction de l’autoroute A10 et d’un nouveau pont sur la Dordogne, Asques dont le site est inscrit à l’inventaire des sites pittoresques de la Gironde, accueille de nouveaux habitants. La culture du maïs est pratiquée sur le territoire de la commune, ainsi que celle de la vigne : les coteaux produisent un bordeaux supérieur. La rivière attire les plaisanciers et le port d’Asques retrouve l’été autour du pont flottant un peu de l’animation du temps des gabares.

D’après un Mémoire de Français rédigé par une habitante d’Asques en 1993, Evelyne Meunier

De la moitié du XVIIIe siècle jusqu’après la guerre de 1914-1918, la commune connut une grande activité et une grande prospérité. En ce temps là Asques comptait deux fois plus d’habitants que maintenant.

Le port d’Asques était florissant, car on y apportait les barriques de vin de l’arrière pays, afin de les acheminer par voie fluviale jusqu’au port de Bordeaux ou de Libourne. Le port recevait également les bois d’acacia et de châtaignier pour la vigne et les vaisseaux « vinaires » (destinés à contenir du vin), sans parler des cordages et des engrais.

De ce fait une petite flottille de bateaux s’était constituée, dont les patrons avaient leur port d’attache à Asques et assuraient ainsi le transport de vin et de marchandises. Autour de ces « bateliers » gravitaient de nombreux artisans installés à Asques, notamment des tonneliers, des sabotiers, des perruquiers, un forgeron, des boulangers, des épiciers et des estaminets, il y avait aussi au début du XIXe siècle un « Officier de Santé ».

De nombreux charretiers aboutissaient au port, et profitaient de leur venue à Asques pour s’approvisionner en sabots et en sandales, faire divers achats de mercerie ou d’épicerie, aller chez le coiffeur, et pour prendre livraison de barriques vides. Ils se retrouvaient dans les cafés soit au port soit au bourg.

Au 18e et au 19e siècle, en plus des « gabarres » et des « courreaux » servant au transport, il y avait de nombreux petits bateaux au port d’Asques : « lanches », « lanchons », et « canots » servant à la pêche, car, à cette époque, le poisson était très abondant : lamproies, aloses, platusses, mules, esturgeons, saumons et anguilles que l’on pêchaient avec des « nasses » ou des « bourgnes » ou encore au « toc » (« vermée »).

Toute cette activité est réduite à néant après la guerre de 1914-1918 avec le développement du transport routier.

Aujourd’hui, il n’y a plus de transport fluvial sur la Dordogne, les saumons et les esturgeons ont disparus, les lamproies et les aloses sont devenues très rares. La petite flotte de gabarre n’existe plus et les pêcheurs sont peu nombreux. Mais le tourisme s’est développé avec une importante flotte de bateaux de croisière, cependant trop gros pour pouvoir mouiller au port d’Asques! Depuis quelques années des « surfeurs » de rivière viennent chevaucher la vague du « mascaret », les jours de grandes marées.

L’agriculture s’est également modifiée. Les grands vignobles qui s’étendaient dans les palus ont laissé la place à l’élevage et aux champs de tournesols et de maïs. Le blé n’est plus cultivé et la vigne s’est réfugiée sur la colline.

Il reste encore de solides vestiges d’un ancien château-fort, datant de la guerre de cent ans dit Château Barès, encore habité à ce jour, mais aucun fait d’armes connus ne s’y rattache.

L’église est une ancienne chapelle romane dominant l’horizon qui présente cette particularité d’avoir été agrandie et complètement restaurée en 1788, juste avant la révolution française et refaite dans le goût de l’époque avec une façade à piastres et à fronton triangulaire. Une plaque scellée au mur rappelle que l’inauguration à été faite par Monseigneur de Cicé, archevêque de Bordeaux.

Le fleuve et son histoire

Les bateaux :

  • Les courreaux : ce sont des chalands à fond plat utilisés dans les eaux peu profondes, ils étaient équipés de 4 à 6 avirons et d’une ou deux « bergades », perches destinées à écarter la rive, ainsi que d’une corde pour le halage, depuis les chemins de tire sur la terre ferme.
  • Les filadières : de forme allongée et fuselée, c’étaient des bateaux de pêches. Elles naviguaient dans les méandres de la basse vallée entre Castillon-la-Bataille et Asques. Aux endroits de passage, elles abandonnaient leur vocation première pour se faire bateau de passage.
  • Les gabarres : bateau à vocation de transport de marchandises, à quille et à voile, elles étaient adaptées aux eaux profondes de la basse vallée de Libourne jusqu’à Bourg-en-Gironde. Les plus petites, moins de 10 tonnes servaient au transport de passager et des marchandises, les plus grandes (10 à 20 tonneaux) assuraient les liaisons quotidiennes entre Dordogne et Garonne.

Le fleuve

Du 18e jusqu’au 20e siècle, la rivière étaient un lieu de commerce et de navigation intenses. On recense entre 1750 et 1850 quinze filadières, ce qui montre l’importance du port de pêche et deux gabarres qui furent réquisitionnées pour le passage de la Grande Armée de Napoléon en 1808. A partir de 1850, une flottilles de gabarres et de courreaux renforça la vie du petit village, grâce aux activités de pêche et de commerce. Cette flottille perpétuait le transport de marchandises de Libourne à Bordeaux et le cabotage de port en port. La pêche était également florissante, on pouvait pêcher aloses, mules, anguilles, saumons, esturgeons ou créacs avec lequel on faisait le caviar. A titre d’exemple, il fut pêché en 1891, 10 saumons en un seul « lan » (coup de filet) et 7 en 1894.

L’autre activité du port est le transport de passagers sur les lignes Asques-Caverne et Bordeaux-Libourne, il participait substantiellement à la croissance du petit port de pêche. Aujourd’hui, il ne reste plus que la pêche à la lamproie en février-mars. Grâce à a volonté de la municipalité, le port d’Asques est maintenant une halte nautique pour quelques voiliers, dan le cadre du tourisme fluvial.